Étiquette : Santé publique

Une infirmière reçoit un prix de mémoire de la Fondation Après-Tout

Une infirmière reçoit un prix de mémoire de la Fondation Après-Tout

Audrey Catalan est infirmière en réanimation polyvalente et soins continus au Groupement hospitalier des Portes de Valence. Elle a reçu le prix de mémoire 2023 de la Fondation Après-Tout pour un travail intitulé : « Le sentiment de responsabilité dans le processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) thérapeutique(s) chez les infirmier.e.s de réanimation ».

Ce mémoire a été rédigé dans le cadre du Diplôme Inter-Universitaire « Ethique en Santé » Université Lyon 1. L’auteure nous en présente la dynamique.

« Les spécificités de la réanimation et l’interdiction formelle qu’ont les soignants de verser dans l’obstination thérapeutique déraisonnable les conduisent régulièrement à s’interroger sur la légitimité de mettre en œuvre ou de poursuivre certains traitements. En effet, il est parfois nécessaire dans un mouvement d’humanité de savoir ne pas faire ou de suspendre son action.

 La responsabilité juridique d’une décision de Limitation ou d’Arrêt de(s) Traitement(s) (LAT) reste médicale mais la réflexion qui la précède doit être menée au cours d’une « procédure collégiale », selon le cadre défini par la loi et les recommandations des sociétés savantes. S’il semble y avoir une réelle volonté de donner une place à l’infirmier dans ce processus, celle-ci reste encore floue.

Parallèlement à cela, nos observations sur le terrain montrent que, malgré les questionnements nombreux sur le bien-fondé des prises en charge et le besoin de leur donner du sens, le temps d’échange que constitue la réunion de procédure collégiale est assez peu investi par les paramédicaux qui semblent avoir du mal à s’y exprimer. Ce constat nous a amené à questionner la place de l’infirmier et son sentiment de responsabilité au sein de ce processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) thérapeutique(s).

En effet, si être associé à l’application de la prescription de LAT engage indéniablement la responsabilité de l’infirmier, qu’en est-il alors de la délibération qui précède cette prise de décision ? Comment la responsabilité de l’infirmier, à qui la loi ne confère pas de pouvoir décisionnel, est-elle envisagée dans le processus délibératif de limitation ou d’arrêt de(s) traitement(s) en réanimation, et comment cette perception impacte-elle sa participation ?

Ce travail nous a permis de mettre en évidence que le sentiment de responsabilité des professionnels paramédicaux était assez peu lié au pouvoir de décider, mais qu’il était fortement conditionné par le fait d’être entendu, d’avoir une place et une utilité dans la réflexion précédant la prise de décision.

Or, si tous les participants à la réunion collégiale s’accordent sur la réelle plus-value du regard paramédical, sur sa connaissance du patient, de son quotidien, de son vécu des soins et de ses souffrances, cela ne semble pas suffisant à conférer un sentiment de légitimité aux paramédicaux qui discréditent (ou pensent discrédités) leurs arguments au profit d’une argumentation plus scientifique… et donc médicale.

De plus, les infirmiers disent ne pas toujours se sentir entendus et jugent leur parole peu influente, ce qui constitue un frein à leur participation.

Repréciser le rôle et les attentes que l’on a de chacun au sein de ce processus délibératif de LAT permettrait donc sans doute à chaque registre d’arguments de pouvoir co-exister, voire de s’enrichir mutuellement.

Partant d’un questionnement initial sur le sentiment de responsabilité des infirmiers en lien avec les prises de décisions de LAT, ce travail se propose de réfléchir, de façon plus large, aux enjeux de la présence paramédicale au sein de la procédure collégiale ; ainsi qu’à une meilleure définition du rôle et de la place que les paramédicaux doivent y tenir. En effet, si le rôle infirmier est bien pensé dans le cadre de la production d’actes, il l’est beaucoup moins dans le cadre réflexif.

Enfin et surtout, ce travail met en évidence la nécessité d’intégrer les paramédicaux à chaque étape de la réflexion éthique, et à ne pas penser leur place uniquement dans les limites de la réunion de procédure collégiale ».

Les neufs unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) de France.

Les neufs unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) de France.

Par lettre de mission du 5 avril 2018, la garde des sceaux, ministre de la justice et la ministre des solidarités et de la santé ont confié à la cheffe de l’inspection générale des affaires sociales et au chef de l’inspection générale de la justice une mission conjointe relative à l’évaluation de la première tranche des UHSA en vue de l’installation d’une seconde tranche.

Les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA), créées par la loi d’orientation et de programmation pour la justice (LOPJ) du 9 septembre 2002, sont des unités de soins qui accueillent des personnes détenues des deux sexes, mineures et majeures souffrant de troubles psychiatriques et nécessitant une hospitalisation avec ou sans leur consentement. Elles sont toutes implantées dans des établissements publics de santé mentale et enserrées par une enceinte pénitentiaire.

Elles sont réparties sur l’ensemble du territoire français :

+ Bordeaux

+ Lille

+ Lyon

+ Marseille

+ Nancy

+ Orléans

+ Rennes

+ Toulouse

+ Villejuif

La mission a visité l’ensemble des UHSA en activité et a conduit des entretiens tant avec les équipes soignantes et pénitentiaires qui travaillent au quotidien dans ces structures, avec des patients détenus hospitalisés dans ces unités comme avec les acteurs de leurs environnements institutionnels. Outre les variations des profils cliniques la mission a relevé la grande hétérogénéité d’organisation et de fonctionnement des unités liée tant aux projets médicaux qu’aux particularités locales. L’absence de pilotage territorial et national, conduit à exclure les patients des UHSA des parcours de soins ou induit des admissions inappropriées. Alors qu’elles étaient très attendues, les prises en charge des urgences constituent plus l’exception que la règle.

À l’issue de ces investigations, 18 recommandations ont été formulées par la mission conjointe. Avec au cœur, la nécessité de mener un exercice de planification des futures UHSA dans une double perspective d’amélioration du parcours de soins du patient-détenu et d’inscription dans une offre graduelle de soins psychiatriques de droit commun. Cette approche devrait s’accompagner d’un engagement dans une démarche de certification des UHSA par la Haute autorité de santé (HAS). Cette démarche pourrait partir d’une confrontation des pratiques professionnelles et d’une réflexion sur leur possible harmonisation dans le cadre d’une conférence de consensus réunissant les acteurs concernés, sanitaires, judiciaires et pénitentiaires.

Lire le rapport

Lire les annexes

Lire la note de Vincent Feroldi rédigée en 2020

Le confinement, un miroir grossissant du monde

Le confinement, un miroir grossissant du monde

« Décidez maintenant ce que vous ferez après ! »

Ingmar Granstedt

Que ferons-nous à la sortie du confinement et à la reprise des activités ? Repartir « comme avant », simplement soulagés, serait se boucher les oreilles et fermer les yeux sur ce qui s’est passé. Car au-delà des peurs, des souffrances, des pertes de proches et d’amis, cette catastrophe sanitaire mondiale n’est-elle pas un révélateur tragique de ce que nous sommes en réalité ? Les pages qui suivent invitent à y réfléchir, puis à se poser en conscience, pour soi-même, quelques questions décisives à partir de ce que chacun aura vécu au cours de ces mois. De là dépend ce que sera notre avenir commun.

Ce texte vous est donc proposé comme un outil pour la réflexion personnelle et non pas comme un document à débattre avec l’auteur.

Le confinement, un miroir grossissant du monde

Texte complet à télécharger

Ingmar Granstedt, 73 ans, a été socio-économiste. Ses publications ont porté sur les enjeux humains de la société industrielle et de son évolution. Il a aussi publié sur Etty Hillesum.

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COVID-19 : soutien psychologique et spirituel auprès de tous

COVID-19 : soutien psychologique et spirituel auprès de tous

Lors de l’audioconférence réunissant les représentants des cultes en France avec Emmanuel Macron le 23 mars 2020, l’idée de mettre en place « des plateformes téléphoniques d’écoutes psychologiques et spirituelles » a été accueillie favorablement au sommet de l’Etat. Mais l’exécutif craignait que la mise en place d’un nouveau numéro vert dédié à l’accompagnement spirituel puisse impacter la visibilité du numéro national d’information (le 0 800 130 000).

Aussi l’Etat a décidé d’intégrer dans les services du numéro national la possibilité pour chaque personne d’être redirigée vers une plateforme gérée par le culte de son choix dès lors qu’elle existe. Cela n’empêche pas pour autant chaque religion de communiquer une ligne directe auprès de leurs fidèles tant qu’elle ne se substitue pas au numéro national pour des informations d’ordre générale liées au Covid-19.

Ainsi, à ce jour, six cultes ont lancé leur plate-forme :

et plus précisément :
L’ensemble des associations juives a mis en place une plateforme d’écoute téléphonique gratuite pour les professionnels et le public. Cette plateforme est complémentaire des initiatives qui existent à l’échelle nationale.
Face à la crise sanitaire causée par l’épidémie du Covid-19 en France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lancé, dès le lundi 30 mars, une permanence téléphonique accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 afin de permettre aux malades du coronavirus et à leurs proches de confession musulmane de bénéficier d’une assistance psychologique et spirituelle, avec le concours étroit de l’aumônerie musulmane hospitalière.
Tel : 01 45 23 81 39 (Ligne directe)
Mail de contact : [email protected]
L’Eglise catholique, quant à elle, a mis en place une ligne spéciale, réservée aux malades du coronavirus et à leurs proches pour pouvoir bénéficier d’une écoute attentive et d’une assistance psychologique et spirituelle. Les plages horaires vont de 8h à 22h, sept jours sur sept.
Les numéros verts habituels au service de la population pour des situations d’urgence restent toujours actifs et utilisables sept jours sur sept.

Première évaluation d’ensemble des unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA)

Première évaluation d’ensemble des unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA)

Par lettre de mission du 5 avril 2018, la garde des sceaux, ministre de la justice et la ministre des solidarités et de la santé ont confié à la cheffe de l’inspection générale des affaires sociales et au chef de l’inspection générale de la justice une mission conjointe relative à l’évaluation de la première tranche des UHSA en vue de l’installation d’une seconde tranche.

Que sont les UHSA ?

Les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA), créées par la loi d’orientation et de programmation pour la justice (LOPJ) du 9 septembre 2002, sont des unités de soins qui accueillent des personnes détenues des deux sexes, mineures et majeures souffrant de troubles psychiatriques et nécessitant une hospitalisation avec ou sans leur consentement. Elles sont toutes implantées dans des établissements publics de santé mentale et enserrées par une enceinte pénitentiaire.

Objectifs de la mission

La mission a visité l’ensemble des UHSA en activité et a conduit des entretiens tant avec les équipes soignantes et pénitentiaires qui travaillent au quotidien dans ces structures, avec des patients détenus hospitalisés dans ces unités comme avec les acteurs de leurs environnements institutionnels.

Quelques conclusions

Outre les variations des profils cliniques la mission a relevé la grande hétérogénéité d’organisation et de fonctionnement des unités liée tant aux projets médicaux qu’aux particularités locales. L’absence de pilotage territorial et national, conduit à exclure les patients des UHSA des parcours de soins ou induit des admissions inappropriées. Alors qu’elles étaient très attendues, les prises en charge des urgences constituent plus l’exception que la règle.

Dix-huit recommandations

À l’issue de ces investigations, 18 recommandations ont été formulées par la mission conjointe. Avec au cœur, la nécessité de mener un exercice de planification des futures UHSA dans une double perspective d’amélioration du parcours de soins du patient-détenu et d’inscription dans une offre graduelle de soins psychiatriques de droit commun. Cette approche devrait s’accompagner d’un engagement dans une démarche de certification des UHSA par la Haute autorité de santé (HAS). Cette démarche pourrait partir d’une confrontation des pratiques professionnelles et d’une réflexion sur leur possible harmonisation dans le cadre d’une conférence de consensus réunissant les acteurs concernés, sanitaires, judiciaires et pénitentiaires.

Pour aller plus loin

Le texte complet du rapport

Les annexes du rapport
Une note de lecture sur le dernier livre de Cynthia Fleury

Une note de lecture sur le dernier livre de Cynthia Fleury

Recension rédigée par Alain Chalochet

Cynthia Fleury, Le soin est un humanisme, Gallimard, 2019, 70 pages, 3,90 euros.

Cynthia Fleury, est philosophe et psychanalyste. Professeur titulaire de la Chaire « Humanités et Santé » au Conservatoire national des arts et métiers, et professeur associé à l’École nationale supérieure des mines de Paris. En 2016, elle a fondé la chaire de philosophie à l’hôpital, au GHU Hotel Dieu de Paris et Sainte-Anne. Elle a exercé dans la cellule d’urgence médico-psychologique du SAMU de Paris. Elle est membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), et siège aussi au comité scientifique du Haut Conseil des biotechnologies.

Cynthia Fleury a notamment publié La Fin du courage : la reconquête d’une vertu démocratique (2010), Les Irremplaçables (2015) et Dialoguer avec l’Orient : retour à la Renaissance (2016).

On est surpris de commencer la lecture par la description de groupes de Gilets jaunes sur des ronds-points, et une citation de Marx ; mais c’est pour nous rappeler que « du souci de soi au souci de l’Etat de droit, tel est le chemin éternel de l’humanisme » et que « quand la civilisation n’est pas soin elle n’est rien ». 

Pour l’auteure, « le soin est le propre de l’homme ». Encore une surprise, c’est à partir de la formule de Jean-Paul Sartre, « l’existentialisme est un humanisme », que la démonstration commence. Pour lui, l’homme existe d’abord, se rencontre et se définit ensuite, et au final « il n’est rien d’autre que ce qu’il se fait ». Il est responsable de lui-même, mais aussi de tous les hommes, et notre humanité engage l’humanité entière. L’homme érige son humanité en façonnant le monde. Il y a là un véritable engagement éthique de l’homme, et prendre soin de quelqu’un c’est l’emmener vers son autonomie.

C. Fleury montre comme la vulnérabilité est liée à l’autonomie, et elle plaide pour sa reconnaissance en tant que telle, de manière positive et utile. L’objectif doit être de mettre en place des manières d’être  « aptes à faire face à la fragilité pour ne pas la renforcer, voire pour la préserver, au sens où cette fragilité peut être affaire de rareté, de beauté, de sensibilité extrême ».

L’idée forte est celle d’irremplaçabilité des personnes, développée dans un autre livre par l’auteure. Elles sont irremplaçables parce que chacune d’entre elles est exceptionnelle, et que si l’individualisme contemporain entraine bien des conséquences néfastes, la reconnaissance de tout individu en tant qu’être particulier, avec la liberté qu’il porte et avec son engagement sont nécessaires à la démocratie.

Il y a là une nécessité pour faire face aux pressions actuelles de la rationalisation économique, de la technologie, qui, pour C. Fleury,  sont – dans le cas de l’hôpital – à la source de la crise vécue aussi bien par les soignants que par les soignés.

Pour cela, et pour rester humain, il faut donc oser penser, dans ce domaine de notre vie comme dans d’autres.

Mais attention : penser c’est bien sûr penser soi-même, mais ça ne prend toute sa valeur que quand c’est fait en se confrontant aux autres.

C’est bien le but recherché dans le lien entre humanités et santé, que porte le titre de la chaire de C. Fleury. Et pour l’auteure, c’est tout l’intérêt assigné à un lieu tel que cette chaire, ainsi qu’à d’autres éventuellement de formes différentes. Le recours aux diverses disciplines des humanités doit permettre d’aider les patients à « développer une puissance d’invention de nouvelles normes de vie, qui ne sera pas le retour à l’état antérieur » à la maladie. Avec le regret que cette dimension capitale ne soit pas plus présente du fait de la faible place faite aux humanités dans la formation des soignants.

Pourtant, le soin à l’hôpital ne doit pas être une chose donnée à des malades par des soignants qui savent ; il ne peut l’être que dans le cadre d’un partage dans une alliance dialectique avec le patient au centre. Bien des évolutions ne sont pas favorables à une telle prise en compte des individus et de leur expression : C. Fleury cite là l’état de droit de manière générale, la maladie certainement, la part croissante de la technique aussi.

Mais, fait encourageant à constater, le développement ces dernières années de l’éducation thérapeutique qui suppose une réflexion partagée, ou le rôle du patient-expert.

Justement, C. Fleury accorde une mention particulière à la maladie chronique et à son traitement. En effet, la médecine permet souvent aujourd’hui au patient de conserver la vie, mais avec un suivi à long terme, et si « la maladie n’a pas basculé du côté de la mort mais du côté de la vie », le patient doit vivre avec un mal, « et un mal qui vit ».

Ceci la conduit à demander que les professionnels du soin, notamment médecins, gardent en mémoire « qu’il n’y a pas de maladies mais seulement des sujets qui tombent malades ». Une exhortation dont on mesure l’importance avec la spécialisation qu’on rencontre dans des services hospitaliers universitaires, qui peut conduire justement à s’intéresser plus à la maladie qu’au malade.

Le développement des traitements en mode ambulatoire, recommandé aux hôpitaux pour des motifs budgétaires, et souvent pour répondre au désir des malades, vient encore renforcer la nécessité de mettre le patient en condition de jouer dans ce traitement un rôle actif, d’agent, d’acteur du traitement.

Comme dans la 2ème partie du siècle dernier, les grands rénovateurs de la psychiatrie française, C. Fleury recommande de se poser la question de savoir si le fonctionnement des institutions sanitaires et sociales est compatible avec l’instauration d’une éthique des soins. Pas comme une mise en accusation délibérée, mais comme le souhait qu’elles aussi s’interrogent dans divers domaines de la gestion des personnels, des soignants en formation (dont on sait qu’ils rencontrent souvent des difficultés), des pratiques en place, afin qu’elles ne favorisent en rien une maltraitance des personnes soignées. Ces remarques font totalement écho aux recommandations actuelles, notamment de la Haute Autorité de Santé, inspirée du principe selon lequel seule une réelle qualité de vie au travail des personnels est de nature à permettre une bonne qualité de prise en charge du patient. 

C. Fleury termine comme elle a commencé, en élargissant le regard sur une société démocratique dans laquelle tous auraient la volonté de maintenir une réflexion, avec un objectif final : « rendre le monde habitable, vivable pour l’humanisme », « élaborer une qualité de présence au monde, au vivant, à la nature, au sens où elle est inséparable – cette nature – de notre condition d’homme. »

On ne peut terminer sans mentionner le court ajout final, intitulé « Les femmes désenfantées » que C. Fleury adresse aux femmes comme celles qu’elle accompagne dans son activité, les femmes qui ont perdu un enfant, ou n’ont pas pu l’avoir, celles « qui n’ont pas d’autre enfant que celui qui est mort ». Les mots de tendresse qu’elle leur adresse là sont particulièrement touchants. Mais au-delà, elle tient à leur dire comme elles peuvent, elles, pourtant vulnérables, apprendre aux professionnels qu’elles rencontrent, en montrant « comme il faut prendre conscience du don du présent » et « ne pas vaciller dans la douleur définitive ». Une preuve de « l’alliance dialectique » citée plus haut certainement….

Infirmier en pratique avancée : un nouveau métier aux compétences et aux responsabilités élargies

Infirmier en pratique avancée : un nouveau métier aux compétences et aux responsabilités élargies

Note rédigée par Dominique Fasquel

L’exercice infirmier en pratique avancée est officialisé et encadré par deux décrets et trois arrêtés parus au JO du 19 juillet 2018.

Quel objectif ?  

Il est double :

  • améliorer l’accès aux soins ainsi que la qualité des parcours des patients atteints de pathologies chroniques en libérant du temps médical, en particulier dans les déserts médicaux .
  • développer pour les infirmiers des compétences et des responsabilités reconnues par un cursus universitaire complémentaire.

De quoi s’agit-il ?        

La pratique avancée consiste à effectuer une mission (et non des actes prescrits) dans un champ élargi de compétences et de responsabilités à l’interface de l’exercice infirmier et de l’exercice médical. Cette pratique recouvre :

  • des activités d’orientation, d’éducation et de dépistage.
  • des actes d’évaluation et de conclusion clinique : anamnèse , entretien et examen clinique.
  • la prescription d’actes techniques et d’actes de surveillance clinique et paraclinique. Certains actes réglementairement « prescrits « pourront être effectués sans prescription médicale : prélèvement sanguin, recueil aseptique des urines, pose de bas de contention, branchement et débranchement d’une dialyse rénale ou péritonéale…
  • le renouvellement ou l’adaptation de prescriptions médicales.

Quels domaines d’intervention ?

 Les infirmiers en pratique avancée (IPA) pourront exercer :

  • en ambulatoire

– au sein d’une équipe de soins primaires coordonnée par un médecin (maison ou centre de santé).

– en assistance d’un médecin spécialiste, hors soins primaires.

  • en établissement de santé, en établissement médico-social ou dans un hôpital des armées, au sein d’une équipe de soins coordonnée par un médecin.

Concrètement l’IPA suivra des patients qui lui auront été confiés par un médecin dans une équipe de soins sur la base d’un protocole précisant les modalités de leur travail en commun.

Quelles conditions d’exercice ? 

  • Être titulaire :

– du diplôme d’Etat infirmier (DEI – Licence – Bac+3).

– du diplôme d’Etat infirmier en pratique avancée (DEIPA-Master-Bac+5).

  • Justifier de 3 années minimum d’exercice en équivalent temps plein de la profession d’infirmier.
  • Être enregistré auprès de services ou d’organismes désignés par arrêté ministériel.

Quelle formation ?

Pour accéder à la formation universitaire de master IPA, il faut donc être titulaire d’un DEI ou d’une équivalence européenne et choisir la mention du domaine d’intervention envisagé.

Ce master est accessible en formation initiale mais c’est surtout la formation continue qui est visée puisque 3 ans d’exercice infirmier sont nécessaires.

La formation de 2 ans est organisée autour d’une première année de tronc commun posant les bases de l’exercice d’IPA et d’une deuxième année centrée sur le domaine d’intervention choisi.

En 2018, une quinzaine d’universités ont été accréditées : Aix-Marseille, Besançon, Brest, Lorraine, Paris (5 universités), Versailles, Normandie, Toulon, Rennes, Nantes.

En 2019, sont prévues les universités d’Angers, Tours, Bordeaux, Limoges, Poitiers et de Saint-Etienne (la seule de la région Auvergne-Rhône-Alpes).

Les frais pédagogiques d’environ 5000 € par année de formation pourront être pris en charge :

  •  pour les salariés, par l’employeur.
  •  en libéral, en partie (1000 €) par le fonds interprofessionnel de formation des professions libérales (FIFPL). La question d’une indemnisation de perte d’activité durant le master est envisagée par le Ministère de la Santé.

Quelles perspectives ?

L’exercice d’IPA pourrait constituer une innovation majeure pour notre système de soins, surtout si :

  • les 5000 IPA prévus d’ici 2022 sont réellement en exercice.
  • la reconnaissance en termes de statut et de rémunération est effective.

Les bénéfices seraient multiples :

  • Pour les infirmiers : nouvelles perspectives de carrière avec un mode d’exercice plus autonome et une meilleure reconnaissance en particulier financière.
  • Pour les médecins : du temps médical retrouvé et de nouvelles possibilités de coopération.
  • Pour le système de soins : un renforcement des structures d’exercice coordonné en soins primaires et un surcroît de temps médical disponible.
  • Pour les patients : une amélioration de l’accès aux soins et une prise en charge diversifiée avec une meilleure articulation des parcours entre ville et hôpital.

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