Infirmier en pratique avancée : un nouveau métier aux compétences et aux responsabilités élargies
Note rédigée par Dominique Fasquel
L’exercice infirmier en pratique avancée est officialisé et encadré par deux décrets et trois arrêtés parus au JO du 19 juillet 2018.
Quel objectif ?
Il est double :
- améliorer l’accès aux soins ainsi que la qualité des parcours des patients atteints de pathologies chroniques en libérant du temps médical, en particulier dans les déserts médicaux .
- développer pour les infirmiers des compétences et des responsabilités reconnues par un cursus universitaire complémentaire.
De quoi s’agit-il ?
La pratique avancée consiste à effectuer une mission (et non des actes prescrits) dans un champ élargi de compétences et de responsabilités à l’interface de l’exercice infirmier et de l’exercice médical. Cette pratique recouvre :
- des activités d’orientation, d’éducation et de dépistage.
- des actes d’évaluation et de conclusion clinique : anamnèse , entretien et examen clinique.
- la prescription d’actes techniques et d’actes de surveillance clinique et paraclinique. Certains actes réglementairement « prescrits « pourront être effectués sans prescription médicale : prélèvement sanguin, recueil aseptique des urines, pose de bas de contention, branchement et débranchement d’une dialyse rénale ou péritonéale…
- le renouvellement ou l’adaptation de prescriptions médicales.
Quels domaines d’intervention ?
Les infirmiers en pratique avancée (IPA) pourront exercer :
- en ambulatoire
– au sein d’une équipe de soins primaires coordonnée par un médecin (maison ou centre de santé).
– en assistance d’un médecin spécialiste, hors soins primaires.
- en établissement de santé, en établissement médico-social ou dans un hôpital des armées, au sein d’une équipe de soins coordonnée par un médecin.
Concrètement l’IPA suivra des patients qui lui auront été confiés par un médecin dans une équipe de soins sur la base d’un protocole précisant les modalités de leur travail en commun.
Quelles conditions d’exercice ?
- Être titulaire :
– du diplôme d’Etat infirmier (DEI – Licence – Bac+3).
– du diplôme d’Etat infirmier en pratique avancée (DEIPA-Master-Bac+5).
- Justifier de 3 années minimum d’exercice en équivalent temps plein de la profession d’infirmier.
- Être enregistré auprès de services ou d’organismes désignés par arrêté ministériel.
Quelle formation ?
Pour accéder à la formation universitaire de master IPA, il faut donc être titulaire d’un DEI ou d’une équivalence européenne et choisir la mention du domaine d’intervention envisagé.
Ce master est accessible en formation initiale mais c’est surtout la formation continue qui est visée puisque 3 ans d’exercice infirmier sont nécessaires.
La formation de 2 ans est organisée autour d’une première année de tronc commun posant les bases de l’exercice d’IPA et d’une deuxième année centrée sur le domaine d’intervention choisi.
En 2018, une quinzaine d’universités ont été accréditées : Aix-Marseille, Besançon, Brest, Lorraine, Paris (5 universités), Versailles, Normandie, Toulon, Rennes, Nantes.
En 2019, sont prévues les universités d’Angers, Tours, Bordeaux, Limoges, Poitiers et de Saint-Etienne (la seule de la région Auvergne-Rhône-Alpes).
Les frais pédagogiques d’environ 5000 € par année de formation pourront être pris en charge :
- pour les salariés, par l’employeur.
- en libéral, en partie (1000 €) par le fonds interprofessionnel de formation des professions libérales (FIFPL). La question d’une indemnisation de perte d’activité durant le master est envisagée par le Ministère de la Santé.
Quelles perspectives ?
L’exercice d’IPA pourrait constituer une innovation majeure pour notre système de soins, surtout si :
- les 5000 IPA prévus d’ici 2022 sont réellement en exercice.
- la reconnaissance en termes de statut et de rémunération est effective.
Les bénéfices seraient multiples :
- Pour les infirmiers : nouvelles perspectives de carrière avec un mode d’exercice plus autonome et une meilleure reconnaissance en particulier financière.
- Pour les médecins : du temps médical retrouvé et de nouvelles possibilités de coopération.
- Pour le système de soins : un renforcement des structures d’exercice coordonné en soins primaires et un surcroît de temps médical disponible.
- Pour les patients : une amélioration de l’accès aux soins et une prise en charge diversifiée avec une meilleure articulation des parcours entre ville et hôpital.