Prison : école du crime
Note rédigée par Christian Montfalcon
Je viens de lire dans le journal Le Monde ‘Culture et Idées’ de 9 août 2012 l’interview de Monsieur Xavier Lameyre par un excellent journaliste, Franck Johannes. Le titre de l’article qui emprunte à la rumeur persistante et aux propos certainement fondés d’un haut fonctionnaire de la magistrature m’ont conduit à réfléchir tout seul devant mon ordinateur…
Je sais par des amis avertis qui œuvrent dans les maisons d’arrêt que les fonctionnaires de la pénitentiaire sont de mieux en mieux formés, que leur recrutement est de plus en plus soigné, que leur travail parfois risqué ou ingrat, toujours difficile, mérite considération, que leur conscience professionnelle les conduit largement à être beaucoup plus que des gardiens ou des surveillants.
Je sais aussi qu’en France les prisons débordent, que la criminalité augmente, que les détenus ne sont pas tous des simples délinquants, que la vie des prisonniers condamnés à de longues ou de très longues peines est une épreuve humaine redoutable, que les magistrats font de leur mieux pour calibrer leur jugement et le rendre équitable, que les associations en faveur des détenus et les visiteurs de prison s’emploient à aider ceux et celles qui « purgent » une longue peine.
Je sais qu’en prison, des détenus travaillent, que certains détenus se forment, apprennent un métier, qu’un nombre important bénéficient de cours donnés par des enseignants de l’Education nationale, des étudiants ou des retraités, que tous sont invités à se préparer à une vie civique renouvelée.
Oui, je sais tout cela et j’imagine tout le reste !
Mais puisque la prison est une « école du crime », pourquoi ne pas en faire vraiment une « école de citoyenneté » pour ceux et celles des détenus qui le désireraient ?
Cela supposerait peut-être que l’on développe l’envoi « des instituteurs » pour ce nouveau type « d’institutions », remplaçant progressivement les anciennes écoles du crime.
D’autres que moi ont certainement pensé et réfléchi à cette mutation. Ils ont peut-être échoué. Ils se sont peut-être heurtés à des difficultés énormes
- qui tiennent à la maladie, à la perversité, à l’abime insondable des consciences et à beaucoup d’autres causes.
- qui tiennent au manque de crédit de l’Etat et de la nation
- qui tiennent au poids de l’histoire et des mentalités qui n’évoluent que lentement,
- qui tiennent à la lourdeur administrative
- qui tiennent à la peur engendrée par une hantise sécuritaire.
Qu’est ce qu’apporte ma maigre page d’écriture ?
Un squelette utopique ?
Je le redoute… mais je l’avoue j’aimerai simplement que ce souci des prisons devienne un « souci populaire », non pas seulement de chaque citoyen mais aussi des fondations, des associations, des différents corps intermédiaires, des élus locaux.
Je voudrais que les prisons ne soient plus une « école du crime »
Les prisons ne sont pas que l’affaire de l’Etat mais de toute la nation.